Alexandre Fauchère
Jeté entre le quartier du Champ-du-Château et la plage du Vengeron, l’ouvrage proposé suit et crée la Ligne de désir des promeneur-e-s. Tel l’itinéraire intuitif tracé par un rêve de lac ou un projet de forêt d’une personne en balade, l’ouvrage prend en compte les chemins existants et projetés ainsi que les repères du paysage et les obstacles qu’il y rencontre – comme la sortie d’autoroute ou la zone de sécurité du gazoduc –, et s’en inspire pour dessiner la Ligne idéale permettant de rejoindre l’un ou l’autre espace.
Principal obstacle rencontré par les promeneur-e-s: la Route de Lausanne, à l’instar d’un fleuve infranchissable qui impose sa présence au long cours. Un certain temps, l’ouvrage suit la ligne dessinée par le courant, dans l’attente d’un lieu de passage propice, puis, l’ayant trouvé, s’élance en prenant appui sur les berges du fleuve. Dès lors, la grande portée du pont se tend de façon quasiment perpendiculaire vers l’autre rive, en bénéficiant d’une distance minimale hors appuis. Les courtes portées de part et d’autre du pont viennent soutenir l’effort, tels les petits pas effectués en amont (et en aval) en franchissant un fleuve en sautant.
Sur toute sa longueur, la Ligne de désir ainsi tracée progresse continuellement en descendant, permettant ainsi le drainage naturel de l’eau de pluie et finalement une infiltration souhaitable dans la zone verte en traversant une couche vivante.
Une fois l’obstacle principal surmonté et franchi, la Ligne de désir dessine une courbe opposée qui s’intègre d’une manière harmonieuse dans les environnements existants et créés par le projet du nouveau port. Le pont frôle et caresse à peine le bord du parc en restant en retrait tout en longeant la courbe du passage inférieur existant, pour atterrir enfin dans la forêt triangulaire nouvellement aménagée qui, elle, emmène les promeneur-e-s soit vers la zone de loisir, soit vers le port ou, par les routes existantes, plus loin encore.
De part la statique, il s’agit d’une poutre continue avec support régulier qui se transforme sur une partie en poutre à trois travées. Sa section est renforcée sur trois portées. En dépit de la grande portée du milieu et de sa hauteur statique de 1/50, une efficacité remarquable est atteinte dû aux éléments suivants:
Nous soulignerons encore que la Ligne de désir proposée permet, grâce à sa double courbe, une dilatation thermique par augmentation des rayons et parfait ainsi une construction de pont intégrale.